
Maître de conférences
Avec Yara Mahfud
Maîtresse de conférences
Université Paris Cité
diplômée du master en 2012
Mon parcours
J’ai fait toute ma scolarité à L’Université Paris Nanterre et notamment le master tout en ayant en tête que je voulais faire une thèse. Pendant ce master j’ai contacté Constantina Badéa qui avait fait un cours sur l’immigration que j’avais adoré, et je lui ai demandé de discuter de la thèse. Elle avait un projet à me proposer qui m’emballait beaucoup. En sortant du master j’ai travaillé en parallèle sur plusieurs choses : (1) j’étais psychologue et je faisais passer des tests psychotechniques dans une première structure, (2) je faisais de l’ingénierie de formation dans une mairie où je travaillais avec des enfants qui avaient des problématiques d’intégration, (3) je faisais mon projet de recherche avec Constantina. On a soumis le projet à l’Ecole Doctorale et je n’ai pas eu le financement. Ce n’était pas un problème comme je travaillais à côté j’étais auto-financée. Au bout de la première année de thèse on a tenté le financement Île de France qu’on a eu, ce qui m’a permis d’être financée les deux dernières années de thèse. J’ai obtenu mon poste de MCF trois ans après avoir soutenu ma thèse, en septembre 2019.
Mon métier
J’ai des enseignements qui sont assez proches de mes thématiques de recherche. Quand je suis arrivée je devais remplacer quelqu’un, et au niveau des contenus ses thématiques étaient proches des miennes et je n’ai pas eu à créer beaucoup de contenus, je faisais en fonction de mes propres recherches. Là je donne cours par exemple en 3e année de licence, c’est un cours de renforcement en psychologie sociale sur la thématique des groupes sociaux. C’est orienté vers « à quoi sert le groupe social pour l’individu », il peut servir à réduire l’anxiété, à se construire une identité, donc c’est un peu ça la ligne de fond de ce cours. Ensuite j’ai un cours en master de psychologie sociale des “mouvements sociaux”, où on parle vraiment du fait d’être engagé dans un mouvement social, de comment on adhère à un mouvement social et quelles conséquences ça a, et jusqu’où on peut aller dans ce mouvement et ça déborde sur la violence, la radicalisation. En ligne de fond c’est aussi l’idée de savoir si un mouvement social peut être pérenne quand il est violent et qu’est-ce qui fait qu’il bascule dans la violence. Ce sont des cours qui sont spécifiques à ce sur quoi je travaille dans mes recherches. Et sinon je donne deux autres cours, un de psychologie sociale en L1 où on voit toutes les bases, et toujours en L1 je suis responsable du cours d’apprentissage par la recherche. C’est ici un cours plus méthodologique où on va voir les méthodes de l’observation et de l’entretien. Une partie enseignement qui prend quand même beaucoup d’espace parce qu’on ne compte pas les heures de préparation, les heures de correction etc. En fait on fait 192h d’enseignement par année mais c’est bien plus. Après chez nous quand on est responsable d’un cours ou qu’on a une responsabilité collective on a des heures de décharges. Comme je suis responsable de cours j’ai une dizaine d’heures de décharge. Je suis aussi correspondante égalité au sein de l’institut donc en gros quand il y a des problématiques de discrimination de harcèlement, c’est moi qu’on vient voir. J’ai environ 3h de décharge (même si en réalité j’en fais au moins 10 fois plus à l’année). On dirige aussi des mémoires de licence, de master, et des thèses.
Et puis la partie recherche où là on développe des recherches en fonction des thématiques du laboratoire pour travailler avec les collègues, ses propres thématiques, les collaborations internationales avec lesquelles on vient et celles qu’on cherche à développer. A la base je travaille sur les relations intergroupes en lien avec l’immigration et les mouvements sociaux. Depuis que je suis arrivée à L’université Paris Cité je travaille sur une nouvelle thématique, les “incels” - je ne sais pas comment j’en suis venue à cette thématique, simplement en discutant avec des collègues aux Etats-Unis et je me demandais ce que ça donnerait en France - c’est un mouvement social considéré comme terroriste. Ce mouvement est très implanté en Amérique du Nord et on connaît peu l’implantation en France mais l’idéologie existe bien, on entend des éléments dans les discours politiques. Avec des méthodes qualitatives je travaille sur le contenu de l’idéologie, et une partie plus expérimentale où on mesure si l’exposition à cette idéologie amène à s’identifier à ce mouvement. Je travaille beaucoup sur ces problématiques. En parallèle je continue à travailler sur l’impact de l’adhésion à des modèles d’intégration sur les préjugés envers les immigrés en fonction de différents modérateurs. Savoir ce qui fait qu’on passe à la violence dans un mouvement social via la théorie de la quête de sens. Ce sont les trois grands sujets sur lesquels je travaille. Juste un mot aussi sur le fait que je dirige une thèse. Je trouve que c’est quelque chose de très difficile parce que tu es face à quelqu’un qui a beaucoup de confiance en toi (d’autant que j’ai eu la chance d’avoir un super modèle !), c’est beaucoup de pression. Je voudrais être une directrice telle que celle que j’ai eu.
Et le troisième volet du travail c’est l’administratif. Mon métier ces derniers temps c’est surtout de faire des tâches administratives j’avoue (rires), des organisations d’emploi du temps, des saisies de notes, faire et surveiller les étudiants. Plus les réunions car les évaluations HCERES arrivent. La gestion au niveau des enseignants, des étudiants, en tant que responsable.
Une mission que j'ai adorée ?
De manière générale j’adore les cours, les étudiants me posent des questions intéressantes et m’obligent à remettre en question mon travail. Je suis toujours stressée avant d’aller en cours mais quand j’ai ces échanges avec les étudiants je trouve ça génial, j’adore. Et surtout mon cours sur les mouvements sociaux que je fais évoluer d’année en année, qui correspond à mes recherches, je m’éclate avec eux. Ça nous permet de questionner le positionnement du chercheur, du psychologue, de nos propres limites parce que je travaille sur la radicalisation qui n’est pas un sujet facile.